2012 Bing Bang Samsara-Fer, Acier corrodé, Acier inox, Ni-Ti-Diam.220x450x1000 François Busson
Bing Bang
Malgré l’évolution continuelle des théories en la matière, le Big-bang, depuis sa découverte, équivaut à ce point lointain de l’origine de l’univers, un grand fracas qui présida à tout. Eternelle question de savoir ce qu’il y avait avant, mais certitude avérée que nous venons de là, d’un vide plus ou moins vide qui allait s’étendre jusqu’à l’infini, ou presque. L’œuvre d’Etienne Krähenbühl, environ 1600 pièces de métal suspendues par autant de filins, représente ce Big-bang en une sphère qui pourrait tout aussi bien évoquer une planète ou un grand atome vue au microscope, là où l’infiniment petit rejoint l’infiniment grand. Le Bing-bang est une boule d’acier retenue dans le vide, et qu’un homme peut enlacer, comprimer jusqu’à tout relâcher et produire mille chocs de matière et de sons ; faire respirer la matière qui semblait bien jusque là être le lieu de possibles évènements retentissants.
L’œuvre est vivante, elle respire, elle oscille, se dilate et s’agrandit, elle balance et reproduit l’onde initiale qui la fit danser et sonner comme un immense carillon qui ne joue jamais exactement la même mélodie. Mille pièces forgées dans la matière organique dont nous et les étoiles sommes faits, s’entrechoquent en suivant le mouvement de l’onde. On dirait l’un de ces bancs de petits poissons marins, qui pour lutter contre l’adversité, reste groupé malgré les mouvements rapides et les formes spectaculaires que donnent ses fuites et autres accélérations. Le Bing-bang est un concentré de matière et d’énergie en devenir. Les pièces sont séparées d’imperceptibles espaces vides, qu’une simple pression peut remplir.
La sphère joue dans l’espace, elle l’occupe et se retire, hésite, revient, fait résonner l’univers dans chacune de ses renaissances. Et au moment ou cette masse inerte est provoquée, au moment même où se libère toute sa puissance, le son et les ondes qui en résultent nous traversent, nous spectateurs vibrants à notre tour, témoins d’une étreinte vertigineuse avec l’univers naissant. Du silence on est passé au fracas, qui à son tour redeviendra silence. Mais dans ce silence encore, comme si l’énergie du Bing-bang n’avait plus de fin ni de répits, on ressent encore les ondes, on entend encore au loin, au plus loin de l’univers, quelques forces mystérieuses qui semblent résonner sans jamais totalement s’éteindre.
Texte : David Collin