Actualités - Expositions & Événements
Œuvres
Exposition au château de Vullierens
De la poule à l’œuf, de la plume aux polymères…
Traversées par l’esprit du temps, les œuvres ouvrent une perspective dans notre actualité environnementale. Une collaboration avec Rudy Koopmans, scientifique travaillant avec les polymères, se met en scène dans une exposition qui illustre les avancées actuelles dans le domaine des ressources finies. L’importance de nos consommations, les déchets qui en résultent sont souvent désavoués et livrés à la destruction. Et si, plus conscients de notre participation à une nature qui a donné généreusement, nous devenions acteur d’un respect indispensable des « déchets » que nous produisons ?
Les installations d’Etienne Krähenbühl, en métal, en plastiques récupérés et en polymères feront vivre ces thématiques en s’appuyant sur les phases de transformation de l’œuf à la plume.
Exposition au château de Vullierens
De la poule à l’œuf, de la plume aux polymères…
Traversées par l’esprit du temps, les œuvres ouvrent une perspective dans notre actualité environnementale. Une collaboration avec Rudy Koopmans, scientifique travaillant avec les polymères, se met en scène dans une exposition qui illustre les avancées actuelles dans le domaine des ressources finies. L’importance de nos consommations, les déchets qui en résultent sont souvent désavoués et livrés à la destruction. Et si, plus conscients de notre participation à une nature qui a donné généreusement, nous devenions acteur d’un respect indispensable des « déchets » que nous produisons ?
Les installations d’Etienne Krähenbühl, en métal, en plastiques récupérés et en polymères feront vivre ces thématiques en s’appuyant sur les phases de transformation de l’œuf à la plume.
De septembre 2017 à septembre 2018, Étienne Krähenbühl a collecté tous les plastiques de sa consommation quotidienne pour produire des estampes. Du conditionnement de sa nourriture, en passant par les sacs à usage unique, l’artiste a réalisé quelque 730 impressions – deux estampes par jour. Il nous livre ainsi un compte-rendu de l’utilisation personnelle de ce matériau sur une année et son geste devient message universel. S’en dégage en effet une réflexion sur l’écologie et sur le climat à travers une « fresque » haute en couleurs. Au-delà de la pensée engagée, l’exposition permet de découvrir ou de redécouvrir un artiste par un travail qui fait exception dans sa propre production artistique.
Les artistes, tout comme les océanographes, les ingénieurs, les explorateurs, les entrepreneurs interviennent pour lutter contre ce fléau mondial. Yverdonnois largement connu pour sa production de sculptures de métal, Étienne Krähenbühl sait jouer en trois dimensions entre le stable et le mobile, le corrodé et le lisse, le sonore et le silencieux, le lourd et l’aérien. En septembre 2017, il décide de sortir de ses habitudes pour donner à voir la consommation du plastique à l’échelle d’un être humain durant un an. Son installation déployée sur les 300m2 du CACY se décline en un camaïeu de couleurs réglé sur la météo d’Yverdon-les-Bains au jour le jour. Ancrée dans la ville du Nord vaudois, l’expérience dénonce des gestes et des habitudes dont plus personne ne peut s’excuser. Depuis 1950, la production de plastique a été multipliée par200, pour un tiers des déchets qui ne sont pas recyclés.
Karine Tissot
De septembre 2017 à septembre 2018, Étienne Krähenbühl a collecté tous les plastiques de sa consommation quotidienne pour produire des estampes. Du conditionnement de sa nourriture, en passant par les sacs à usage unique, l’artiste a réalisé quelque 730 impressions – deux estampes par jour. Il nous livre ainsi un compte-rendu de l’utilisation personnelle de ce matériau sur une année et son geste devient message universel. S’en dégage en effet une réflexion sur l’écologie et sur le climat à travers une « fresque » haute en couleurs. Au-delà de la pensée engagée, l’exposition permet de découvrir ou de redécouvrir un artiste par un travail qui fait exception dans sa propre production artistique.
Les artistes, tout comme les océanographes, les ingénieurs, les explorateurs, les entrepreneurs interviennent pour lutter contre ce fléau mondial. Yverdonnois largement connu pour sa production de sculptures de métal, Étienne Krähenbühl sait jouer en trois dimensions entre le stable et le mobile, le corrodé et le lisse, le sonore et le silencieux, le lourd et l’aérien. En septembre 2017, il décide de sortir de ses habitudes pour donner à voir la consommation du plastique à l’échelle d’un être humain durant un an. Son installation déployée sur les 300m2 du CACY se décline en un camaïeu de couleurs réglé sur la météo d’Yverdon-les-Bains au jour le jour. Ancrée dans la ville du Nord vaudois, l’expérience dénonce des gestes et des habitudes dont plus personne ne peut s’excuser. Depuis 1950, la production de plastique a été multipliée par200, pour un tiers des déchets qui ne sont pas recyclés.
Karine Tissot
Malgré l’évolutioncontinuelle des théories en la matière, le Big-bang, depuis sa découverte, équivautà ce point lointain de l’origine de l’univers, un grand fracas qui présida àtout. Eternelle question de savoir ce qu’il y avait avant, mais certitude avéréeque nous venons de là, d’un vide plus ou moins vide qui allait s’étendre jusqu’àl’infini, ou presque. L’œuvre d’Etienne Krähenbühl, environ 1600 pièces de métalsuspendues par autant de filins, représente ce Big-bang en une sphère qui pourraittout aussi bien évoquer une planète ou un grand atome vue au microscope, là oùl’infiniment petit rejoint l’infiniment grand.
Le Bing-bang est une bouled’acier retenue dans le vide, et qu’un homme peut enlacer, comprimer jusqu’àtout relâcher et produire mille chocs de matière et de sons ; fairerespirer la matière qui semblait bien jusque là être le lieu de possibles évènementsretentissants. L’œuvre est vivante, elle respire, elle oscille, se dilate et s’agrandit,elle balance et reproduit l’onde initiale qui la fit danser et sonner comme unimmense carillon qui ne joue jamais exactement la même mélodie. Mille piècesforgées dans la matière organique dont nous et les étoiles sommes faits, s’entrechoquenten suivant le mouvement de l’onde. On dirait l’un de ces bancs de petitspoissons marins, qui pour lutter contre l’adversité, reste groupé malgré lesmouvements rapides et les formes spectaculaires que donnent ses fuites etautres accélérations.
Le Bing-bang est unconcentré de matière et d’énergie en devenir. Les pièces sont séparées d’imperceptiblesespaces vides, qu’une simple pression peut remplir. La sphère joue dans l’espace,elle l’occupe et se retire, hésite, revient, fait résonner l’univers danschacune de ses renaissances. Et au moment ou cette masse inerte est provoquée,au moment même où se libère toute sa puissance, le son et les ondes qui en résultentnous traversent, nous spectateurs vibrants à notre tour, témoins d’une étreintevertigineuse avec l’univers naissant. Du silence on est passé au fracas, qui àson tour redeviendra silence. Mais dans ce silence encore, comme si l’énergiedu Bing-bang n’avait plus de fin ni de répits, on ressent encore les ondes, onentend encore au loin, au plus loin de l’univers, quelques forces mystérieusesqui semblent résonner sans jamais totalement s’éteindre.
Texte : David Collin
Malgré l’évolutioncontinuelle des théories en la matière, le Big-bang, depuis sa découverte, équivautà ce point lointain de l’origine de l’univers, un grand fracas qui présida àtout. Eternelle question de savoir ce qu’il y avait avant, mais certitude avéréeque nous venons de là, d’un vide plus ou moins vide qui allait s’étendre jusqu’àl’infini, ou presque. L’œuvre d’Etienne Krähenbühl, environ 1600 pièces de métalsuspendues par autant de filins, représente ce Big-bang en une sphère qui pourraittout aussi bien évoquer une planète ou un grand atome vue au microscope, là oùl’infiniment petit rejoint l’infiniment grand.
Le Bing-bang est une bouled’acier retenue dans le vide, et qu’un homme peut enlacer, comprimer jusqu’àtout relâcher et produire mille chocs de matière et de sons ; fairerespirer la matière qui semblait bien jusque là être le lieu de possibles évènementsretentissants. L’œuvre est vivante, elle respire, elle oscille, se dilate et s’agrandit,elle balance et reproduit l’onde initiale qui la fit danser et sonner comme unimmense carillon qui ne joue jamais exactement la même mélodie. Mille piècesforgées dans la matière organique dont nous et les étoiles sommes faits, s’entrechoquenten suivant le mouvement de l’onde. On dirait l’un de ces bancs de petitspoissons marins, qui pour lutter contre l’adversité, reste groupé malgré lesmouvements rapides et les formes spectaculaires que donnent ses fuites etautres accélérations.
Le Bing-bang est unconcentré de matière et d’énergie en devenir. Les pièces sont séparées d’imperceptiblesespaces vides, qu’une simple pression peut remplir. La sphère joue dans l’espace,elle l’occupe et se retire, hésite, revient, fait résonner l’univers danschacune de ses renaissances. Et au moment ou cette masse inerte est provoquée,au moment même où se libère toute sa puissance, le son et les ondes qui en résultentnous traversent, nous spectateurs vibrants à notre tour, témoins d’une étreintevertigineuse avec l’univers naissant. Du silence on est passé au fracas, qui àson tour redeviendra silence. Mais dans ce silence encore, comme si l’énergiedu Bing-bang n’avait plus de fin ni de répits, on ressent encore les ondes, onentend encore au loin, au plus loin de l’univers, quelques forces mystérieusesqui semblent résonner sans jamais totalement s’éteindre.
Texte : David Collin
Les Fleurs du mal fondent dans la nuit, les tiges à mémoire de forme s’affaissent à la tombée du jour. Les Fleurs cèdent à l’emprise du froid, à la pesanteur de leur charge ancienne, elles sont accrochées à la maigre et fragile raideur des tiges qui les soutiennent. L’équilibre est fascinant, de cette fascination qui émerveille et sidère : les Fleurs du mal défient le temps, baignées de rouille et de coupes raides. pour celui qui s’en approche, il y a de très loin l’inquiétude ou le doute devant les piques dressées d’une armée de lanciers en marche ; de loin se devine l’hospitalité nourricière d’un champ de blé noirci, mal vu, mais qui fait encore illusion ; et de plus près enfin, on sent frémir face aux retours d’inquiétude que dessinent les silex en bouquet, des étincelles dont il ne reste que les dures fleurs d’acier, brûlantes à midi du souvenir de l’éclat, froides le soir, lovées dans leur ombre dernière. L’équilibre vertical des fleurs fait violence contre la gravité, contre la nature calcinée, déchirée. c’est le souvenir d’une autre violence qui revient, qui dévaste encore aujourd’hui les rues du Liban, des quartiers entiers de Beyrouth.
Poème et sculpture, les Fleurs du mal sont à la fois un appel à la beauté du mouvement et le souvenir d’un trop proche carnage. Les centaines d’éclats d’obus dressés dans le temps, mémoires suspendues, champ d’une mémoire 119 éclatée par le vent et la chaleur, proposent aux spectateurs d’assister à un phénomène : la rencontre en apparence contradictoire entre des formes
et la matière qui les enserre, et qui crée l’esthétique apaisante des tiges pliées, dressées, pliées à nouveau contre le plein espace vivant d’un souvenir tragique. Aux premières lueurs les fleurs renaissent, elles reviennent à leur forme première par le mouvement et le retour à leur forme première. Apaisées elles aussi, elles sont un manifeste de mémoire.
Texte : David Collin
Les Fleurs du mal fondent dans la nuit, les tiges à mémoire de forme s’affaissent à la tombée du jour. Les Fleurs cèdent à l’emprise du froid, à la pesanteur de leur charge ancienne, elles sont accrochées à la maigre et fragile raideur des tiges qui les soutiennent. L’équilibre est fascinant, de cette fascination qui émerveille et sidère : les Fleurs du mal défient le temps, baignées de rouille et de coupes raides. pour celui qui s’en approche, il y a de très loin l’inquiétude ou le doute devant les piques dressées d’une armée de lanciers en marche ; de loin se devine l’hospitalité nourricière d’un champ de blé noirci, mal vu, mais qui fait encore illusion ; et de plus près enfin, on sent frémir face aux retours d’inquiétude que dessinent les silex en bouquet, des étincelles dont il ne reste que les dures fleurs d’acier, brûlantes à midi du souvenir de l’éclat, froides le soir, lovées dans leur ombre dernière. L’équilibre vertical des fleurs fait violence contre la gravité, contre la nature calcinée, déchirée. c’est le souvenir d’une autre violence qui revient, qui dévaste encore aujourd’hui les rues du Liban, des quartiers entiers de Beyrouth.
Poème et sculpture, les Fleurs du mal sont à la fois un appel à la beauté du mouvement et le souvenir d’un trop proche carnage. Les centaines d’éclats d’obus dressés dans le temps, mémoires suspendues, champ d’une mémoire 119 éclatée par le vent et la chaleur, proposent aux spectateurs d’assister à un phénomène : la rencontre en apparence contradictoire entre des formes
et la matière qui les enserre, et qui crée l’esthétique apaisante des tiges pliées, dressées, pliées à nouveau contre le plein espace vivant d’un souvenir tragique. Aux premières lueurs les fleurs renaissent, elles reviennent à leur forme première par le mouvement et le retour à leur forme première. Apaisées elles aussi, elles sont un manifeste de mémoire.
Texte : David Collin
Une artiste à la rencontre de la supraconductivité
UNE SUPRARENCONTRE. Lorsqu’en 2007 Etienne rencontre notre équipe scientifique et technique à Genève, il est rapidement captivé par les propriétés étonnantes des matériaux supraconducteurs. Je me souviens de son regard émerveillé devant une pastille supraconductrice en lévitation. Les fibres qui composent les fils supraconducteurs, quant à eux, inspirent vivement son imaginaire. Dans l’atelier d’Etienne, à notre tour, nous sommes fascinés devant le mouvement de glissement léger d’objets apparemment lourds obtenu grâce aux mémoires de forme. Nous sommes immédiatement tombés sous le charme de ses sculptures et de sa vision du monde. c’était le départ d’une incroyable aventure : réaliser une oeuvre d’art mettant en valeur la supraconductivité et plus particulièrement la lévitation. Cette sculpture, inaugurée à Genève à l’occasion des 100 ans de la découverte de la supraconductivité est aujourd’hui la pièce maîtresse d’une exposition itinérante.
L’art est une manière de raconter une vision du monde avec imagination et créativité. La science, quant à elle, décrit ce monde à travers un langage scientifique et dans notre histoire avec celui de la physique. L’émotion ressentie par le scientifique devant une découverte, grande ou petite, s’apparente à celle perçue par l’artiste devant son œuvre achevée. si l’art, plus accessible au grand public, se révèle être une forme de communication inédite pour la science, la science offre à l’art de nouvelles avenues et perspectives.
De la toute première idée d’Etienne, celle de supraconducteurs soutenus par un petit parachute tombant dans un bain d’azote liquide, jusqu’à la réalisation de la sculpture supra100, quatre ans de recherches et de défis relevés nous ont appris à nous connaître et à nous dépasser. Comment combiner les contraintes de la science et de la technique – en particulier la nécessité du froid – avec l’imaginaire de l’artiste ? Etienne nous répétait à maintes reprises qu’il nous appartenait de poser les limites de la faisabilité. Au fur et à mesure des démarches et des essais, notre artiste a apprivoisé le froid, comment le maintenir, ce qui était possible et ce qui ne l’était pas. de notre côté, nous avons cherché des solutions, relevant les défis techniques soulevés par les idées foisonnantes d’Etienne.
SUPART. L’œuvre supra100, d’une simplicité émouvante défie la loi de la 251 gravité. cette sphère en lévitation sur un plan carré incliné c’est notre planète lévitant sur la création de l’homme. Au-dessus de nos têtes, des nuages en fils supraconducteurs flottent. Ils symbolisent pour Etienne « l’utopie d’une société en train de vivre une mutation radicale ; ils sont aussi porteur d’un idéal, d’un espoir, d’une autre révolution. C’est le rêve des scientifiques, une supraconductivité à température ambiante. Ces fibres sont le tissu neuronal de la supraconductivité ». En voulant cacher le froid et tout autre mécanisme technique pour préserver le mystère, Etienne nous offre un moment de songe et la possibilité de rêver à ce que pourrait être la supraconductivité à température ambiante.
Car si aujourd’hui différents domaines comme la médecine, l’énergie, les transports et les télécommunications bénéficient déjà des avancées scientifiques réalisées autour des matériaux supraconducteurs, le rêve ultime de tout physicien des matériaux est de trouver un supraconducteur qui présente cet état sans refroidissement, à température ambiante. Une telle découverte révolutionnerait véritablement notre quotidien.
Je salue le courage d’Etienne pour s’être engagé dans une aventure dont il n’avait pas la maîtrise technique, le rendant fortement dépendant des autres. Dans une trajectoire de rêve et de découvertes, Etienne et son art se sont fait les messagers d’une réalité complexe, ils ont su donner à la supraconductivi- té la part poétique qui lui revenait.
Texte : prof. Øystein Fischer
Directeur du Pôle de recherche national MaNEP
Une artiste à la rencontre de la supraconductivité
UNE SUPRARENCONTRE. Lorsqu’en 2007 Etienne rencontre notre équipe scientifique et technique à Genève, il est rapidement captivé par les propriétés étonnantes des matériaux supraconducteurs. Je me souviens de son regard émerveillé devant une pastille supraconductrice en lévitation. Les fibres qui composent les fils supraconducteurs, quant à eux, inspirent vivement son imaginaire. Dans l’atelier d’Etienne, à notre tour, nous sommes fascinés devant le mouvement de glissement léger d’objets apparemment lourds obtenu grâce aux mémoires de forme. Nous sommes immédiatement tombés sous le charme de ses sculptures et de sa vision du monde. c’était le départ d’une incroyable aventure : réaliser une oeuvre d’art mettant en valeur la supraconductivité et plus particulièrement la lévitation. Cette sculpture, inaugurée à Genève à l’occasion des 100 ans de la découverte de la supraconductivité est aujourd’hui la pièce maîtresse d’une exposition itinérante.
L’art est une manière de raconter une vision du monde avec imagination et créativité. La science, quant à elle, décrit ce monde à travers un langage scientifique et dans notre histoire avec celui de la physique. L’émotion ressentie par le scientifique devant une découverte, grande ou petite, s’apparente à celle perçue par l’artiste devant son œuvre achevée. si l’art, plus accessible au grand public, se révèle être une forme de communication inédite pour la science, la science offre à l’art de nouvelles avenues et perspectives.
De la toute première idée d’Etienne, celle de supraconducteurs soutenus par un petit parachute tombant dans un bain d’azote liquide, jusqu’à la réalisation de la sculpture supra100, quatre ans de recherches et de défis relevés nous ont appris à nous connaître et à nous dépasser. Comment combiner les contraintes de la science et de la technique – en particulier la nécessité du froid – avec l’imaginaire de l’artiste ? Etienne nous répétait à maintes reprises qu’il nous appartenait de poser les limites de la faisabilité. Au fur et à mesure des démarches et des essais, notre artiste a apprivoisé le froid, comment le maintenir, ce qui était possible et ce qui ne l’était pas. de notre côté, nous avons cherché des solutions, relevant les défis techniques soulevés par les idées foisonnantes d’Etienne.
SUPART. L’œuvre supra100, d’une simplicité émouvante défie la loi de la 251 gravité. cette sphère en lévitation sur un plan carré incliné c’est notre planète lévitant sur la création de l’homme. Au-dessus de nos têtes, des nuages en fils supraconducteurs flottent. Ils symbolisent pour Etienne « l’utopie d’une société en train de vivre une mutation radicale ; ils sont aussi porteur d’un idéal, d’un espoir, d’une autre révolution. C’est le rêve des scientifiques, une supraconductivité à température ambiante. Ces fibres sont le tissu neuronal de la supraconductivité ». En voulant cacher le froid et tout autre mécanisme technique pour préserver le mystère, Etienne nous offre un moment de songe et la possibilité de rêver à ce que pourrait être la supraconductivité à température ambiante.
Car si aujourd’hui différents domaines comme la médecine, l’énergie, les transports et les télécommunications bénéficient déjà des avancées scientifiques réalisées autour des matériaux supraconducteurs, le rêve ultime de tout physicien des matériaux est de trouver un supraconducteur qui présente cet état sans refroidissement, à température ambiante. Une telle découverte révolutionnerait véritablement notre quotidien.
Je salue le courage d’Etienne pour s’être engagé dans une aventure dont il n’avait pas la maîtrise technique, le rendant fortement dépendant des autres. Dans une trajectoire de rêve et de découvertes, Etienne et son art se sont fait les messagers d’une réalité complexe, ils ont su donner à la supraconductivi- té la part poétique qui lui revenait.
Texte : prof. Øystein Fischer
Directeur du Pôle de recherche national MaNEP
De septembre 2017 à septembre 2018, Étienne Krähenbühl a collecté tous les plastiques de sa consommation quotidienne pour produire des estampes. Du conditionnement de sa nourriture, en passant par les sacs à usage unique, l’artiste a réalisé quelque 730 impressions – deux estampes par jour. Il nous livre ainsi un compte-rendu de l’utilisation personnelle de ce matériau sur une année et son geste devient message universel. S’en dégage en effet une réflexion sur l’écologie et sur le climat à travers une « fresque » haute en couleurs. Au-delà de la pensée engagée, l’exposition permet de découvrir ou de redécouvrir un artiste par un travail qui fait exception dans sa propre production artistique.
Les artistes, tout comme les océanographes, les ingénieurs, les explorateurs, les entrepreneurs interviennent pour lutter contre ce fléau mondial. Yverdonnois largement connu pour sa production de sculptures de métal, Étienne Krähenbühl sait jouer en trois dimensions entre le stable et le mobile, le corrodé et le lisse, le sonore et le silencieux, le lourd et l’aérien. En septembre 2017, il décide de sortir de ses habitudes pour donner à voir la consommation du plastique à l’échelle d’un être humain durant un an. Son installation déployée sur les 300m2 du CACY se décline en un camaïeu de couleurs réglé sur la météo d’Yverdon-les-Bains au jour le jour. Ancrée dans la ville du Nord vaudois, l’expérience dénonce des gestes et des habitudes dont plus personne ne peut s’excuser. Depuis 1950, la production de plastique a été multipliée par200, pour un tiers des déchets qui ne sont pas recyclés.
Karine Tissot
Sculptures monumentales
Exposition au château de Vullierens
De la poule à l’œuf, de la plume aux polymères…
Traversées par l’esprit du temps, les œuvres ouvrent une perspective dans notre actualité environnementale. Une collaboration avec Rudy Koopmans, scientifique travaillant avec les polymères, se met en scène dans une exposition qui illustre les avancées actuelles dans le domaine des ressources finies. L’importance de nos consommations, les déchets qui en résultent sont souvent désavoués et livrés à la destruction. Et si, plus conscients de notre participation à une nature qui a donné généreusement, nous devenions acteur d’un respect indispensable des « déchets » que nous produisons ?
Les installations d’Etienne Krähenbühl, en métal, en plastiques récupérés et en polymères feront vivre ces thématiques en s’appuyant sur les phases de transformation de l’œuf à la plume.
Les Fleurs du mal fondent dans la nuit, les tiges à mémoire de forme s’affaissent à la tombée du jour. Les Fleurs cèdent à l’emprise du froid, à la pesanteur de leur charge ancienne, elles sont accrochées à la maigre et fragile raideur des tiges qui les soutiennent. L’équilibre est fascinant, de cette fascination qui émerveille et sidère : les Fleurs du mal défient le temps, baignées de rouille et de coupes raides. pour celui qui s’en approche, il y a de très loin l’inquiétude ou le doute devant les piques dressées d’une armée de lanciers en marche ; de loin se devine l’hospitalité nourricière d’un champ de blé noirci, mal vu, mais qui fait encore illusion ; et de plus près enfin, on sent frémir face aux retours d’inquiétude que dessinent les silex en bouquet, des étincelles dont il ne reste que les dures fleurs d’acier, brûlantes à midi du souvenir de l’éclat, froides le soir, lovées dans leur ombre dernière. L’équilibre vertical des fleurs fait violence contre la gravité, contre la nature calcinée, déchirée. c’est le souvenir d’une autre violence qui revient, qui dévaste encore aujourd’hui les rues du Liban, des quartiers entiers de Beyrouth.
Poème et sculpture, les Fleurs du mal sont à la fois un appel à la beauté du mouvement et le souvenir d’un trop proche carnage. Les centaines d’éclats d’obus dressés dans le temps, mémoires suspendues, champ d’une mémoire 119 éclatée par le vent et la chaleur, proposent aux spectateurs d’assister à un phénomène : la rencontre en apparence contradictoire entre des formes
et la matière qui les enserre, et qui crée l’esthétique apaisante des tiges pliées, dressées, pliées à nouveau contre le plein espace vivant d’un souvenir tragique. Aux premières lueurs les fleurs renaissent, elles reviennent à leur forme première par le mouvement et le retour à leur forme première. Apaisées elles aussi, elles sont un manifeste de mémoire.
Texte : David Collin
Une artiste à la rencontre de la supraconductivité
UNE SUPRARENCONTRE. Lorsqu’en 2007 Etienne rencontre notre équipe scientifique et technique à Genève, il est rapidement captivé par les propriétés étonnantes des matériaux supraconducteurs. Je me souviens de son regard émerveillé devant une pastille supraconductrice en lévitation. Les fibres qui composent les fils supraconducteurs, quant à eux, inspirent vivement son imaginaire. Dans l’atelier d’Etienne, à notre tour, nous sommes fascinés devant le mouvement de glissement léger d’objets apparemment lourds obtenu grâce aux mémoires de forme. Nous sommes immédiatement tombés sous le charme de ses sculptures et de sa vision du monde. c’était le départ d’une incroyable aventure : réaliser une oeuvre d’art mettant en valeur la supraconductivité et plus particulièrement la lévitation. Cette sculpture, inaugurée à Genève à l’occasion des 100 ans de la découverte de la supraconductivité est aujourd’hui la pièce maîtresse d’une exposition itinérante.
L’art est une manière de raconter une vision du monde avec imagination et créativité. La science, quant à elle, décrit ce monde à travers un langage scientifique et dans notre histoire avec celui de la physique. L’émotion ressentie par le scientifique devant une découverte, grande ou petite, s’apparente à celle perçue par l’artiste devant son œuvre achevée. si l’art, plus accessible au grand public, se révèle être une forme de communication inédite pour la science, la science offre à l’art de nouvelles avenues et perspectives.
De la toute première idée d’Etienne, celle de supraconducteurs soutenus par un petit parachute tombant dans un bain d’azote liquide, jusqu’à la réalisation de la sculpture supra100, quatre ans de recherches et de défis relevés nous ont appris à nous connaître et à nous dépasser. Comment combiner les contraintes de la science et de la technique – en particulier la nécessité du froid – avec l’imaginaire de l’artiste ? Etienne nous répétait à maintes reprises qu’il nous appartenait de poser les limites de la faisabilité. Au fur et à mesure des démarches et des essais, notre artiste a apprivoisé le froid, comment le maintenir, ce qui était possible et ce qui ne l’était pas. de notre côté, nous avons cherché des solutions, relevant les défis techniques soulevés par les idées foisonnantes d’Etienne.
SUPART. L’œuvre supra100, d’une simplicité émouvante défie la loi de la 251 gravité. cette sphère en lévitation sur un plan carré incliné c’est notre planète lévitant sur la création de l’homme. Au-dessus de nos têtes, des nuages en fils supraconducteurs flottent. Ils symbolisent pour Etienne « l’utopie d’une société en train de vivre une mutation radicale ; ils sont aussi porteur d’un idéal, d’un espoir, d’une autre révolution. C’est le rêve des scientifiques, une supraconductivité à température ambiante. Ces fibres sont le tissu neuronal de la supraconductivité ». En voulant cacher le froid et tout autre mécanisme technique pour préserver le mystère, Etienne nous offre un moment de songe et la possibilité de rêver à ce que pourrait être la supraconductivité à température ambiante.
Car si aujourd’hui différents domaines comme la médecine, l’énergie, les transports et les télécommunications bénéficient déjà des avancées scientifiques réalisées autour des matériaux supraconducteurs, le rêve ultime de tout physicien des matériaux est de trouver un supraconducteur qui présente cet état sans refroidissement, à température ambiante. Une telle découverte révolutionnerait véritablement notre quotidien.
Je salue le courage d’Etienne pour s’être engagé dans une aventure dont il n’avait pas la maîtrise technique, le rendant fortement dépendant des autres. Dans une trajectoire de rêve et de découvertes, Etienne et son art se sont fait les messagers d’une réalité complexe, ils ont su donner à la supraconductivi- té la part poétique qui lui revenait.
Texte : prof. Øystein Fischer
Directeur du Pôle de recherche national MaNEP
Malgré l’évolutioncontinuelle des théories en la matière, le Big-bang, depuis sa découverte, équivautà ce point lointain de l’origine de l’univers, un grand fracas qui présida àtout. Eternelle question de savoir ce qu’il y avait avant, mais certitude avéréeque nous venons de là, d’un vide plus ou moins vide qui allait s’étendre jusqu’àl’infini, ou presque. L’œuvre d’Etienne Krähenbühl, environ 1600 pièces de métalsuspendues par autant de filins, représente ce Big-bang en une sphère qui pourraittout aussi bien évoquer une planète ou un grand atome vue au microscope, là oùl’infiniment petit rejoint l’infiniment grand.
Le Bing-bang est une bouled’acier retenue dans le vide, et qu’un homme peut enlacer, comprimer jusqu’àtout relâcher et produire mille chocs de matière et de sons ; fairerespirer la matière qui semblait bien jusque là être le lieu de possibles évènementsretentissants. L’œuvre est vivante, elle respire, elle oscille, se dilate et s’agrandit,elle balance et reproduit l’onde initiale qui la fit danser et sonner comme unimmense carillon qui ne joue jamais exactement la même mélodie. Mille piècesforgées dans la matière organique dont nous et les étoiles sommes faits, s’entrechoquenten suivant le mouvement de l’onde. On dirait l’un de ces bancs de petitspoissons marins, qui pour lutter contre l’adversité, reste groupé malgré lesmouvements rapides et les formes spectaculaires que donnent ses fuites etautres accélérations.
Le Bing-bang est unconcentré de matière et d’énergie en devenir. Les pièces sont séparées d’imperceptiblesespaces vides, qu’une simple pression peut remplir. La sphère joue dans l’espace,elle l’occupe et se retire, hésite, revient, fait résonner l’univers danschacune de ses renaissances. Et au moment ou cette masse inerte est provoquée,au moment même où se libère toute sa puissance, le son et les ondes qui en résultentnous traversent, nous spectateurs vibrants à notre tour, témoins d’une étreintevertigineuse avec l’univers naissant. Du silence on est passé au fracas, qui àson tour redeviendra silence. Mais dans ce silence encore, comme si l’énergiedu Bing-bang n’avait plus de fin ni de répits, on ressent encore les ondes, onentend encore au loin, au plus loin de l’univers, quelques forces mystérieusesqui semblent résonner sans jamais totalement s’éteindre.
Texte : David Collin
Publications
Biographie
Le métal, c'est par là que tout commence. Que tout est advenu et que tout continue d'être et de devenir. Un désir irrépressible et inguérissable de corps à corps avec la matière dure qui résiste, se cabre et menace, qui sonne, résonne et tonitrue à s'en faire sauter les tympans, mais qui s'apprivoise aussi, se caresse, se plie et se forge au feu et au chalumeau.
Etienne Krähenbühl l'avait en lui depuis toujours, cette fascination pour le métal. Une irrésistible attirance d'enfant bricoleur et inventif. Il n'a pas encore quinze ans quand, dans le cadre des activités extra-scolaires proposées le samedi par le collège où il faisait ses classes, il demande de pouvoir travailler le métal. Perplexité des enseignants qui ne l'avaient pas inscrit à leur programme ! Pas d'atelier prévu ? Tant pis, il s'y met tout seul, avec tout l'enthousiasme, le culot et la naïveté de l'adolescence.